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J’ai longtemps hésité avant de venir, je ne savais pas si ce serait une bonne idée, mais l’envie de te voir était devenue comme vitale. Oui je sais le mot n’est peut-être pas bien choisi, bref me voilà et maintenant que je suis devant toi je ne sais même plus par où commencer tellement j’ai de choses à te dire.

Dès le premier regard dans ce pub tu m’as hypnotisé, je n’ai eu qu’une envie ensuite te revoir alors quand tu m’as enfin envoyé ce premier message j’ai souri comme un con face à mon téléphone. 

 

Ces huit mois passés à discuter, notre semaine ensemble tout ça a été parfait. Tellement parfait que j’ai pris peur. Oh je sais ce que tu pence, je ne suis qu’un lâche je le sais. Prendre l’excuse de ta réponse le jour de mon départ était minable. Je n’ai juste pas eu le cran d’assumer une relation longue distance aussi belle soit-elle, en choisissant Lucile c’est la facilité que j’ai prise.

 

Je l’aimais bien, et elle était là à mes côtés, alors que toi tu étais à des centaines de kilomètres. Je t’imaginais sortir avec tes amies te faire draguer rien que d’y penser ça m’a rendu dingue alors j’ai pris mes distances et ce malgré tes messages que je ne lisais pas forcément, entre le taf qui me prenait beaucoup de temps, les potes et Lucile que je voyais quasiment tous les jours…

 

Quand je suis entré dans le bar de l’hôtel, tout m’est revenu en pleine face, nous discutions nos moments ensemble, tous ses détails que j’avais volontairement mis de côté pour ne pas y penser.

Tu ne m’a pas vu tout de suite, tu avais l’air tellement pensive, triste, mais au moment où tu as regardé dans ma direction j’ai retrouvé la Raphaëla que je connaissais, ton regard s’est remis à pétiller. Te revoir m’a fait l’effet d’une bombe, jamais pendant tous ces mois loin de toi je n’avais ressenti  ce sentiment qui m’a habité a l’instant même où j’ai replongé mes yeux dans les tiens. Demander Lucile en mariage c’était comme me prouver que je pouvais passer à autre chose mais tu as tout fait voler en éclat à cet instant précis.

 

J’ai bien vu que quelque chose avait changé, tu avais maigri, malgré ton sourire je voyais la douleur dans tes yeux, ton visage était marqué. Mais au lieu de te dire tout ce que j’avais sur le cœur, au lieu de te dire à quel point j’avais été con je n’ai rien trouvé de mieux que de me défiler en te disant que ma vie était avec elle. Inconsciemment j’espérais peut-être que tu essayerais de me récupérer, que tu me dises que tu m’aimais toujours. Mais tu n’as pas décroché un mot, pendant tout le temps où j’ai parlé tu es restée silencieuse à me regarder.

 

Te proposer de recoucher ensemble n’était surement pas la meilleure façon de te dire que je voulais être avec toi et encore moins en te disant que ton cul m’avait manqué même si au fond ce n’était pas totalement faux, mais c’était surtout une manière de masquer ma gêne par de l’humour, alors quand tu es parti en m’envoyant ton coca en pleine figure j’ai compris que tu ne l’avais pas pris comme je le voulais. J’ai voulu te rattraper mais le serveur m’a couru après pour que je paie la note, le temps de lui balancer les sous et de sortir tu n’étais plus là.

 

Sans savoir dans quelle direction tu étais parti je suis rentré en pensant t’appeler le lendemain pour m’excuser et clarifier les choses mais tu n’as jamais répondu. Je suis tombé inlassablement sur ton répondeur. Quant à la fin de la semaine j’ai vu que tu ne rappelais toujours pas, je suis rentré dans le sud, elle a bien vu que quelque chose n’allait pas mais elle n’a pas posé de questions. À plusieurs reprises j’ai voulu lui dire que tout était fini mais encore une fois je n’ai pas été au bout des choses.

 

Le 12 novembre une lettre est arrivée, c’est elle qui l’a ouverte, elle l’a lu et me l’a tendu. Quand j’ai lu les quelques lignes et vu le faire part j’ai d’abord cru à un canular, une façon de te venger. Lucile m’a bombardé de questions sur toi, sur nous, sur ce rendez-vous, j’ai répondu à chacune d’entre elles sans mentir. Le soir même elle quittait la maison et moi j’essayais de te joindre mais au lieu de tomber sur le répondeur un message m’a annoncé que le numéro n’était plus disponible.

 

J’ai foncé sur l'ordi et j’ai cherché le numéro de tes parents, c’est ton père qui m’a répondu, quand je lui ai demandé s’il savait ou je pourrais te joindre, il y a eu un blanc, j'ai d'abord cru qu'il avait raccroché mais je pouvais entendre sa respiration. Puis lorsqu'il a prononcé ton prénom d'une voix chevrotante qui tentait de dissimuler des sanglots, j'ai compris... J’’ai cru que mon cœur allait s’arrêter de battre, ce n’était pas un canular ni une vengeance, tu étais bien parti.

 

À cause de ma lâcheté, de ma stupidité je t’ai perdue. Si seulement ce soir-là j’avais su trouver les mots. Si seulement je t’avais cherché au lieu de rentrer. L’idée que j’aurais pu te sauver, que l’on aurait pu être heureux m’a hanté pendant des semaines, des mois…

 

Je suis tellement désolé Raphaëla. Je sais que j’ai mis du temps avant de venir, mais l’idée de voir ton nom gravé sur le marbre m’était impossible à accepter. Ça fait un an aujourd’hui que tu es partie je ne sais pas si j’arriverais à aller mieux un jour, ni même si tu m’entends de là où tu es mais je voulais que tu sache tout ça, j’avais besoin de te dire au moins une fois que même si je n’ai pas su l’exprimer ni le montrer, je t’ai aimé et je t’aime toujours.

Bonus Raphaëla

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